Jean Itard - Article du Monde diplomatique et question

Modifié par Manuelslibresidf

Texte

"Invité dans toute l’Europe à prodiguer ses conseils en matière d’éducation, il décide finalement de s’installer à Amsterdam, où il meurt en 1670.

Né le 24 avril 1774 dans les Alpes-de-Haute- Provence, Jean Marc Gaspard Itard est un médecin et pédagogue. Destiné à embrasser une carrière dans la banque, Itard devient finalement chirurgien. A la tête de l’institution impériale des sourds et muets, il recueille les enfants handicapés et jette les bases d’une éducation spécialisée.

La vie d’Itard prend un tour nouveau en 1800. A cette date, un « enfant sauvage » est découvert dans les massifs de l’Aveyron et conduit à Paris pour y être examiné. Le psychiatre Philippe Pinel mène la consultation. L’enfant, âgé d’une dizaine d’années, est mutique et « ne donn [e] de l’attention à aucun objet, parce qu’aucun objet ne fai [t] sur ses sens nulle impression durable ». Et le savant de conclure à l’idiotie de l’enfant. « Cette identité, poursuit Itard, menait nécessairement à conclure qu’atteint d’une maladie jusqu’à présent regardée comme incurable, il n’était susceptible d’aucune espèce de sociabilité et d’instruction. »

Si Itard s’accorde avec Pinel pour reconnaître les mêmes symptômes, il diagnostique des causes fort différentes. Loin de les imputer à une quelconque arriération biologique, Itard y voit le résultat de la complète solitude dans laquelle a vécu l’enfant depuis sa naissance.

Formé aux idées d’Etienne Bonnot de Condillac, Itard est en effet convaincu que « jeté sur ce globe, sans forces physiques et sans idées innées (…) dans la horde sauvage la plus vagabonde comme dans la nation d’Europe la plus civilisée, l’homme n’est que ce qu’on le fait être ». Dès lors, tout homme — même celui dont l’existence semble relever d’une monstruosité barbare — est éducable à condition de trouver les moyens adéquats d’humaniser sa condition. Itard fixe plusieurs objectifs à l’éducation de Victor : « L’attacher à la vie sociale en la lui rendant plus douce que celle qu’il menait alors et surtout plus analogue à celle qu’il venait de quitter ; réveiller la sensibilité nerveuse par les stimulants les plus énergiques et quelques fois par les vives affections de l’âme, la joie et la colère ; étendre la sphère de ses idées en lui donnant des besoins nouveaux et en multipliant ses rapports avec les êtres environnants ; le conduire à l’usage de la parole en déterminant l’exercice de l’imitation par la loi impérieuse de la nécessité. » Et pour y parvenir, il invente un matériel capable de stimuler son intelligence pratique et d’éveiller sa sensibilité de la torpeur où elle se trouve.

Les progrès, lents mais néanmoins spectaculaires, sont la preuve de l’éducabilité de l’enfant. En 1806, Itard note : « Ce jeune homme, pour être jugé sainement, ne doit être comparé qu’à lui-même. Rapproché d’un adolescent du même âge, il n’est plus qu’un être disgracié, rebut de la nature comme il le fut de la société. Mais si l’on se borne aux deux termes de comparaison qu’offrent l’état passé et l’état présent du jeune Victor, on est étonné de l’espace immense qui les sépare. » Victor meurt en 1828 ; Itard dix ans après."

Allan Popelard, Le Monde diplomatique, 2013


Question

En t'aidant de cet article, explique les difficultés de Jean Itard.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
Télécharger le manuel : https://forge.apps.education.fr/drane-ile-de-france/les-manuels-libres/philosophie-terminale-pro ou directement le fichier ZIP
Sous réserve des droits de propriété intellectuelle de tiers, les contenus de ce site sont proposés dans le cadre du droit Français sous licence CC BY-NC-SA 4.0